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"Tombant à la lettre"

Objet musée

Inventory number : 18226
Title : "Tombant à la lettre"
Controlled denomination : Oeuvre d'art-technique mixte
Object designation : Oeuvre mixte encadrée réalisée par l'artiste Nadine Kohn-Fiszel, dans la série "Shmates", 1998- 2003 Série relevant d’une réflexion sur la trace, le passage d’un corps envisagé de dos, conjointement avec une réflexion sur le tissu usagé, la déchirure et le rebut. Signé et daté NKF, 1999. drap, dentelle, colle, encre, tige métallique ...
Matériaux : drap, dentelle, encre, colle
Techniques : technique mixte
Dimensions : 140,0 cm x 87,0 cm
Acquisition method : don
Source of acquisition :
Related people/organisations : Nadine Kohn-Fiszel
Dating (period) : 1999
Production date : 1999
Geographical provenance :
Informations historiques : selon Nadia Blumenfeld (voir site artiste pour la série "Shmates" On est au premier regard pris et déstabilisé par la violence qui se dégage de ce corps, de cette œuvre. L'œuvre est un corps et le corps a donné naissance à cette œuvre. Les matériaux, parce qu'il s'agit d'œuvres en relief à l'encre du ciel et de la terre ou encore entre sculpture et bas-reliefs, sont le domaine de l'art pauvre. Feuille, dentelle, papier japonais, encre, fil, cire, tissus. Les yeux s'enveloppent dans ce drap, rattrapés comme par une seconde peau, par un linceul. On pense à des empreintes, on sent, immédiatement sous-jacentes, les nombreuses couches, qui sont venues s'enrouler dans l'empreinte, dans la proposition initiale : on y voit en noir et blanc mais l'absence de couleur n'est pas qu'apparence et elle est aussi en profondeur. Souvent une œuvre apparaît et s'expose, ici c'est une proposition inverse qui nous est faite. l'œuvre se retire d'elle-même, elle avance masquée, on peut y voir un renversement, un retrait en soi : l'extérieur peut créer le monde. Pliures, encres, traces, les photos ne peuvent reproduire toute l'épaisseur de la proposition :: On pense aussi à l'impression, aux textes. Les matières et les formes déstabilisent, interpellent et donnent l'envie et le besoin d'entrer plus avant dans cet art corporel et de s'ouvrir. Au-dessus de la falaise, en plein vent, on aperçoit la mer battant les rochers et les rares buissons accrochés au flanc de pierre se tordent dans l'espace. On peut alors imaginer tout à la fois un oiseau qui vole en prenant appui sur l'air au niveau du roc et on a la vision extérieure, et soudain voir une faille dans ce tomber là et pénétrer, consentir à être absorbé et le calme domine, le le vent tombe, la lueur du centre de la terre apparaît. Je pense à ce texte de Hans Jonas dans « Le concept de Dieu après Auschwitz ». « Tsimtsoum » signifie contraction, retrait, autolimitation. Pour faire place au monde, l'En-Sof du commencement, l'infini, devait se contracter en lui-même et ainsi laisser surgir hors de lui le vide, le néant, en dedans et à partir duquel il a pu créer le monde. Sans son retrait en lui-même, rien d'autre ne pourrait exister en dehors de Dieu, et seule sa retenue durable préserve les choses finies d'une nouvelle perte de leur être propre dans le divin « tout en tout ». Nadine Kohn-Fiszel nous permet de voir l'infini contracté en lui-même et c'est un privilège rare.